« Quelle que soit la durée de votre séjour sur cette petite planète, et quoi qu’il vous advienne, le plus important c’est que vous puissiez, de temps en temps, sentir la caresse exquise de la vie. »
J. B. Charbonneau – Avis de passage (1957)
Vivre selon les règles
Constamment, sans relâche, et ce, peu importe l’âge, on se retrouve assiégée par quantités d’impératifs sociaux à respecter. Des impératifs établis par on ne sait qui, et qui s’invitent pratiquement à toutes les étapes de notre vie. Plus ou moins implicitement, plus ou moins explicitement.
À 3 ans il faut déjà se comporter comme une grande,
À 14 ans il faut savoir ce que l’on veut faire plus tard,
À 16 ans il faut avoir vécu sa première fois,
À 18 ans il faut entreprendre de grandes études,
À 25 ans, il faut signer son premier CDI;
À 27 ans, contracter son premier crédit immobilier,
À 30 ans il faut se marier,
À 31 ans, avoir ses premiers enfants,
À 40 ans posséder une Rolex,
À 60 ans, accueillir ses petits-enfants,
À 62 ans il faut partir à la retraite, pour vivre des jours heureux.
Et si, par le plus grand des hasards, vous n’êtes pas capable de tenir la cadence, fin du game pour vous. Vous n’êtes qu’une looseuse.
Et sinon, quel est le but de prérogatives comme celles-là? Je vous le demande…
Quel est le but de courir après un statut social, sur la seule base de son âge?
Quel est l’intérêt d’avoir un mode d’emploi aussi arbitraire de ce que devrait être notre vie?
C’est ça le fun? C’est pour ça que l’on est sur cette Terre?
Bah, sûrement.
Vivants mais désespérément éteints
Parce que ÇA là, c’est ce qu’on est beaucoup à faire, machinalement. On court après cette satisfaction d’entrer dans le moule. Un moule façonné par d’autres; et ce, au risque de passer à côté de ses véritables envies. On court après le succès, le matériel, la vie parfaite, à étaler aux yeux des autres, tout ça en oubliant de vivre. On est comme en mode veille; vivants mais désespérément éteints.
Et c’est ce qui fait qu’on se retrouve bien souvent à entreprendre des études qui ne nous correspondent pas, à occuper des jobs qui ne nous épanouissent pas et à vivre des histoires d’amour qui ne nous garantissent aucun frisson. On consomme la vie sans véritable envie.
Qui serais-tu si le monde ne te disais pas qui être?
Et alors on oublie le reste. On oublie d’être celle qu’on aurait aimé être. On oublie de laisser parler sa vraie nature et ses vraies envies. On oublie de revivre encore et toujours ces moments de plénitude absolus, ceux qui nous donnent la chair de poule rien que d’y penser ou d’y repenser.
On regarde les causes qui nous tiennent à cœur, de loin.
On ne s’investit réellement dans rien, parce qu’à vivre la vie qui nous est dictée, on manque de temps pour le reste; on se dit qu’on n’a pas l’âge, qu’on a plus l’âge. Et parfois les regrets s’installent. Déjà.
Des passions deviennent, dans le meilleur des cas, des passe-temps originaux et gratifiants, plutôt que des occupations à temps plein. Et pendant tout ce temps on attend. Oui, on attend. On attend la pause, le soir, le week-end, le beau temps, pour être heureuse. On oublie dans tout ça, qu’on ne vit en fait réellement que maintenant.
Vivre? Vivre!
« Ne laisse pas ta vie t’échapper en regrettant ce qui aurait pu être. Vis ta vie, vis pour ce que tu veux vraiment » Amory Clay dans Les vies multiples d’Amory Clay de William Boyd
Alors je vous le demande, qu’est-ce que vous feriez si ce n’était pas les autres? Si ce n’était pas leur regard qui prévalait avant le vôtre? Qu’est-ce que vous feriez si ce n’était pas l’argent? Qu’est-ce que vous feriez si vous étiez libre, vraiment? Qui est-ce que vous deviendriez si vous appreniez tout simplement à vivre? À quoi passeriez-vous votre temps si vous aviez tout le vôtre?
Si c’est l’océan qui vous appelle, trouvez un moyen de lui répondre; si c’est l’art qui vous anime, trouvez un moyen de rester connectés. Je ne vous dis pas de quitter votre boulot du jour au lendemain pour vivre une vie de bohème, (et là encore, why not?), mais plutôt de commencer à réintégrer un peu de passion et de vie à votre quotidien. De trouver du temps pour cultiver votre attrait aux choses. Apprenez à vous en donner les moyens.
Ne perdez pas de vue ce qui vous rend heureuse. Consacrez-y du temps.
Qu’il s’agisse de lire, nager, plonger, écouter de la musique, pratiquer de la musique, regarder les nuages, boire un verre de rouge autour d’une conversation…
N’attendez pas, comme beaucoup, d’être frappée par une douloureuse épreuve pour commencer à vivre.
Prenez la décision avant. Prenez la décision maintenant.
Commencez maintenant. Car c’est tout ce que l’on possède: maintenant.
Rebellez-vous contre ce système imposé de choses.
Ne travaillez pas de 9h à 17h si ce n’est pas la vie que vous fantasmez, n’ayez pas d’enfants si c’est ce que vous désirez, prenez ce cours de danse à 15 ans, 25 ans ou 75 ans, apprenez cette langue, suivez votre instinct, dites oui, dites non.
Réorganisez votre vie pour ne plus négliger votre jardin intérieur et vos envies.
Prenez cette décision. Vivez!
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