Aujourd’hui, bien plus qu’avant, on nous dit que chaque morphologie est belle.
On nous scande d’aimer le corps que Dame Nature nous a donné, parce qu’il est parfait tel qu’il est.
On nous explique qu’avoir de la cellulite et/ou des vergetures est normal et que ce sont là de parfaites imperfections.
On nous parle beaucoup de diversité, d’acceptation de soi et de body positivity. Et pour tout ça je dis OUI, merci, enfin!!
Et pourtant…
LE BAL DES HYPOCRITES
Pourtant, certains médias, parfois les mêmes qui nous parlent de self-love et de diversité à tout va, continuent à nous spammer encore et toujours un style unique de silhouette (grande, peau lisse, cheveux longs et raides, petit nez en trompette et taille ultra-fine). La seule chose qui a pas mal changé de l’époque où j’étais ado, c’est que maintenant les fesses pulpeuses sont plus facilement mises en avant; le fameux booty, devenu l’obsession de beaucoup. LA nouvelle obsession.
Les programmes de sport d’ailleurs ne semblent jurer que par et pour lui, oubliant que nous avons aussi un dos et des bras. Être fit ne revient plus à faire un peu d’exercice, à manger équilibré et à être en bonne santé, non, il faut que ça se voit! Faire du sport et ne pas avoir d’abdos visibles, faire des squats et ne pas avoir de big booty = no way pour beaucoup! C’est la nouvelle mode. Et c’est la le problème, moduler nos envies et nos corps selon des modes. On semble faire fi des prédispositions génétiques, on oublie ce qui nous rend heureuse pour ne se concentrer que sur un objectif: faire parti du mouvement et avoir le #bodygoal du moment. Du vrai Facetune IRL vous voyez!
Alors, on fait comment dites-moi?
On fait comment pour apprendre à aimer le reflet qu’on voit dans le miroir?
On attend d’avoir perdu 6 kilos? On attend d’avoir fait un défrisage brésilien? On attend cette opération mammaire?
Sûrement pas.
Et point le plus important, on n’attend clairement pas de la part des médias populaires de nous apprendre à le faire.
Il ne sont pas là pour ça!
Je répète, ILS NE SONT PAS LA POUR CA!!!
La société, en choisissant arbitrairement qui et ce qu’elle trouve beau, se nourrit de nos doutes et de notre insatisfaction chronique. Pire, elle l’entretient, via des messages de toutes sortes qui nous persuadent que nous ne sommes pas assez parfaits pour être vraiment heureux.
Plus jeune, mon corps était mon obsession.
J’étais obsédée par le fait qu’il ressemble si peu aux corps de ces supermodels qui inondaient les magazines. Je ne le trouvais pas très beau. En même temps, à force de voir le monde entier chanter les louanges des filles aux grosses poitrines, aux petits derrières, aux cheveux raides ou encore à la peau claire, comment être persuadée lorsqu’on est encore qu’une ado qui se cherche, qu’on est belle, alors qu’au niveau des critères, on est le parfait opposé?
Et pourtant aujourd’hui, j’en suis revenue. Je m’aime. Oui, je m’aime.
De manière authentique et sans conditions.
JE M’AIME, ET ALORS??
Aussi bizarre que cela puisse sonner, pour apprendre à aimer mon corps, il a fallu que je « sorte de mon corps ».
J’ai appris à cultiver des passions et à me dessiner des objectifs. Et petit à petit, mon corps n’était plus l’argile de clay à moduler au gré du vent, mais ma personnalité. Au lieu de chercher coûte que coûte à affiner mes cuisses j’ai passé plus de temps à affiner mes expériences.
Au lieu de passer mon temps à traquer ma cellulite, je l’ai passé à collectionner des tampons sur mon passeport. Quand on est happée par quelque chose que l’on aime faire, l’émotion qui s’en dégage prime sur le reste.
Lorsque je plonge en apnée, mon ventre rond, mon grand front, ma cellulite et tout ce qui ne rentre pas dans le moule « beau » de notre société actuelle n’a plus d’importance. Mon corps devient mon salut et mon ami. Et pour ça, je l’aime. Je lui suis reconnaissante de me permettre de rester immergée sans respirer pendant plus d’1 minute. Je suis reconnaissante d’avoir des bras un peu chubby qui me permettent d’enlacer les gens que j’aime ou encore de la cellulite sur ces jambes qui m’ont permis de découvrir plus d’une vingtaine de pays.
Pour autant, et c’est ce que certains ont tendance à confondre/oublier, s’aimer, ne se résume pas à ne plus vouloir perdre un jour quelques kilos ou atténuer sa peau d’orange.
Ce n’est pas antinomique. Ça ne l’est pas parce qu’on ne laisse pas et ne laissera pas dépendre son bonheur et son amour-propre sur leur seule réalisation.
Car on a compris qu’être vraiment heureuse et s’aimer ne commence pas avec ces kilos en moins et cette hypothétique image de perfection que l’on s’en fait: ça commence maintenant.
S’aimer c’est changer cet état d’esprit qui fait de nous des exclaves de l’approbation des autres.
C’est ce que j’ai compris.
Depuis, j’ai su identifier mes forces et j’ai choisi de me laisser guider par elles. J’ai appris à m’accepter, à avoir de la tendresse et de la compassion pour ma petite personne.
Et ça, c’est un travail perpétuel, de tous les jours, car je reste quand même de temps à autre assaillie par le doute. De nombreuses fois, il m’arrive de retomber dans mes travers dépréciatifs d’avant. Mon boulot de blogueuse fait que je suis très souvent amenée à poser devant l’objectif. Et parfois, quand je regarde certains clichés, je me dis que j’aimerais que mon derrière soit un peu plus rond, que mon hip dip soit un peu moins marqué, que mes bras soient un peu plus fins et que mon front soit un peu moins grand.
Alors pour sortir de ce cercle vicieux, je me rappelle qui je suis (une badass); je me rappelle les nombreuses choses que j’aime chez moi (mes yeux en amande, ma peau couleur cacao, mes pieds, et tout un tas d’autres traits); ce que je sais faire (tricoter, parler 4 langues étrangères, poser pour des photos…); ce que j’ai pu faire (vivre à l’étranger, négocier de façon hors-pair, nager avec des requins-marteaux…) et tout ça n’a plus d’importance.
Je suis parfaite, mes rêves sont à ma portée et tout va bien dans le meilleur des mondes.
xx
Des livres que je vous conseille sur le sujet:
«The subtle art of not giving a fuck» de Mark Manson
«You are a badass» de Jen Sincero
Photos: Sîtâ Montoya @odd.to sur Instagram
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