«Pura Vida».
Une phrase que j’ai régulièrement entendue lors de mon voyage au Costa Rica. Une phrase écrite un peu partout et avec laquelle les locaux ponctuent souvent leurs au revoir. Une phrase pleine de promesses et d’espoir quand on y pense. Vie pure, en français.
Car bien au-delà des mots, ce petit pays coincé entre le Nicaragua et le Panama, d’un côté, le Pacifique et l’Atlantique, de l’autre, œuvre chaque jour en faveur du développement durable et d’un cadre de vie plus pur.
L’effort collectif est tel, qu’il met quantités d’autres Nations dans l’embarras, notamment celles qui tentent cahin-caha de respecter leurs engagements écologiques. Parce qu’au pays des Ticos, comme j’ai pu le constater, on ne badine pas avec la conservation; tant et si bien que « le droit à un environnement sain et écologiquement équilibré » est inscrit depuis longtemps dans la Constitution. L’État, garde-fou en matière de préservation, prône la paix entre les Hommes et la nature. Les délits environnementaux (pollution massive, exploitation de bois précieux, maltraitance envers les animaux…) sont d’ailleurs lourdement jugés et condamnés au sein d’un tribunal dédié. Pas mal pour un pays qui revient de loin. Dans les années 80, des hectares de forêt étaient décimés en vue de les transformer en plantations (de banane ou de café, deux anciens piliers des exportations nationales).
Aujourd’hui, même si la déforestation continue de poser problème, près de 30% du territoire est protégé. J’ai appris que les politiques de protection vont jusqu’à rémunérer les propriétaires qui préservent la forêt présente sur leurs terres.
Avant même d’avoir posé le pied dans ce petit paradis vert, j’avais compris pourquoi les Costariciens tenaient tant à protéger ce patrimoine naturel.
Parce que, quand on vit dans un pays aussi petit mais qui abrite près de 6% de la biodiversité mondiale, on a envie de choyer ce trésor, de le garder ainsi aussi longtemps que possible (on fait du coup appel aux énergies propres: hydroélectricité, éoliennes, biomasse, on vise le 0% carbone pour 2020, on vit en autonomie énergétique…).
La nature est la vitrine internationale du Costa Rica.
C’est d’ailleurs ce qui m’a donné envie d’y aller: pouvoir évoluer dans des forêts quasi intactes, où président une faune et une flore luxuriantes. 12 000 espèces de plantes, 915 d’oiseaux, 200 d’amphibiens 140 de mammifères, et, entre autres, 230 de reptiles, dont 141 de serpents.
Si avant mon séjour cet ultime paramètre n’avait rien pour me rassurer, une fois sur place j’ai cessé de n’associer que peur et angoisse face à la possibilité d’en croiser dans la jungle. J’ai appris à voir les choses de façon plus globale. A apprécier la rareté de tels lieux et à apprécier ce type de rencontre justement (ce qui n’empêche pas pour autant de rester prudente et vigilante; et de se prendre des gamelles malgré tout #histoiredemavie). De me rendre compte que cette nature, où rien ne se perd, rien ne se gâche, sait se montrer protectrice, riche et parfaite envers ceux qui la respecte.
Alors, bienvenue, bienvenue au Costa Rica.
Moi, plus précisément, j’étais sur la Péninsule d’Osa, dans le sud-ouest du pays.
D’ailleurs, comment vous parler d’Osa après tout ça?
Je pourrais vous dire mille et une choses mais surtout vous dire que si le Costa Rica est un beau pays, Osa en est son hyperbole. C’est un paradis. Une Arche de Noé inestimable à ciel ouvert.
C’est la partie la plus isolée et la plus sauvage du pays.
Depuis le petit coucou qui nous y achemine depuis San José, la capitale, j’ai été époustouflée (entre deux bonnes secousses) par le spectacle qui se dessinait sous mes yeux: une mangrove dense et humide serpentée de larges cours d’eau. Le Golfo Dulce, si majestueux et si paisible, réveillé çà et là par des envolées belles de dauphins. Et au bout, à l’arrivée, Puerto Jimenez, la ville principale de la péninsule : rustique mais terriblement attachante. Un petit havre de paix qui échappe au tourisme de masse. Sûrement parce qu’il est difficile d’y pratiquer du pur tourisme balnéaire.
Alors, que faire au paradis ?
– Un tour en jungle :
Le parc national du Corcovado (l’un des 27 parcs nationaux du pays), semble être l’option la plus évidente. En terme d’organisation, il faut compter 1 ou 2 jours minimum; en terme de difficulté, un niveau assez élevé. Si vous n’avez pas le temps, comme ce fut mon cas, ce contretemps peut être compensé par la visite de réserves privées environnantes telles que Osa Conservation ou encore La Tarde. C’est dans cette dernière que mes amis et moi avons pu avoir un tête-à-tête rare avec un bébé ocelot à l’état sauvage. Un instant unique, car il est venu à nous, s’est laissé approcher sans y avoir été forcé, sans avoir été dressé pour. Juste parce qu’il en avait envie. Indescriptible.
Pour les animaux, la création de couloirs écologiques entre ces différents lieux est bénéfique. Cela leur permet de se déplacer pour se nourrir, de se reproduire (en évitant les situations de consanguinité), et par extension, de regagner leur habitat naturel menacé par l’homme et ses activités (exploitations intensives d’arbre de palme, pour le commerce de l’huile, exploitations de teck, pochote, melina, pour le bois de construction).
De nombreuses agences de guides existent à Puerto Jimenez. Personnellement je ne saurais que trop vous recommander de faire vos tours avec Surcos Tour. Cette agence est gérée par Nito, un amoureux et passionné de nature, particulièrement érudit en bird watching, comme on en trouve peu. Il s’est entouré d’amis, tout aussi doués, grâce auxquels la découverte de tels lieux restera mémorable. C’est quand on est bien entourée que la jungle, impressionnante au premier abord, parait au fil des pas, moins terrifiante et énigmatique.
Comme je vous le disais déjà, au final, on se sent privilégiée. Privilégiée d’être témoin de la vie qui s’y blottie, de croiser aussi facilement des coatis, de se faire jeter des fruits dessus par des saimiris, de spoter des serpents superbement camouflés, de voir parader des couples de aras rouges, d’apercevoir çà et là caïmans et crocodiles, mais aussi écureuils, papillons morpho à ailes bleues, toucans, fourmis coupe-feuille et paresseux.
Et plus improbables à apercevoir (et je n’en ai pas vu): des jaguars, dont les populations ont fortement diminué. D’ailleurs, si vous êtes fascinés par ce gros félin, je vous invite à apprécier et soutenir le travail de ce photographe: Tico Haroutiounian. Son projet : photographier dans leur habitat naturel, les derniers jaguars de la péninsule, avec un angle et une approche résolument esthétiques.
– Un tour de bateau sur le Golfo Dulce.
Vous irez avec Pucho, guide et pêcheur de Puerto Jimenez, et personne d’autre! Parce que sa gentillesse est sans fin et son érudition sans faille. Il sait lire et interpréter les signes qu’envoie la nature (groupe de frégates, conditions météo), qui aident à repérer et apercevoir les animaux marins qui peuplent le golfe. Il le fait dans le respect des choses. J’ai ainsi pu observer des serpents de mer, des dauphins communs, et un énorme groupe de petits dauphins (il se murmure qu’ils sont plus de 500). Des fois on peut voir pleins d’animaux, d’autres rien. C’est ça le sauvage. Alors oui ça peut être rageant de ne rien spoter, mais dans le fond ce qui est dérangeant ce sont ces compagnies qui vous assurent à coup sûr que vous verrez tels ou tels animaux. Souvent les méthodes employées pour y arriver sont peu éthiques (nourrissage, bruit délibéré pour attirer les animaux…).
– Un tour en kayak dans la mangrove près de Puerto Jimenez.
– Vous rendre à l’écolodge Lapa Rios.
Parce que la vue y est tout bonnement splendide. Je pense qu’une petite mise en situation s’impose: vous vous trouvez sur les hauteurs d’une colline escarpée. En face, au loin, la mer. Vaste, scintillante, ondulante. Entre la grande bleue et vous, à vos pieds, une étendue de jungle dense et vibrante. La nature chante. Des couples de aras rouges balayent le ciel azur. Vous êtes là, assise, vous surplombez ce tableau, vous sirotez un cocktail de fruits vitaminé et sucré. Le décor du lodge, en bois, est authentique, éthique et raffiné. Allez-y pour boire un verre ou diner, mais surtout pour goûter le brownie au chocolat et noix de macadamia.
– Visiter une autre région du Costa Rica.
Afin de découvrir un autre écosystème et une autre approche touristique.
Pour moi, cap sur Monteverde.
La suite au prochain article.
Pura Vida!
2 Comments
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