Humeurs

S’aimer sans conditions: est-ce vraiment possible?


Aujourd’hui, bien plus qu’avant, on nous dit que chaque morphologie est belle.
On nous scande d’aimer le corps que Dame Nature nous a donné, parce qu’il est parfait tel qu’il est.
On nous explique qu’avoir de la cellulite et/ou des vergetures est normal et que ce sont là de parfaites imperfections.
Est-ce ça la recette pour apprendre à s’aimer sans conditions?

S’AIMER SANS CONDITIONS: LE BAL DES HYPOCRITES

Honnêtement, non. Surtout après avoir été bombardée pendant des années par des messages traquant et pointant du doigt le moindre aspect de notre corps, en l’appelant purement et simplement « défaut ».

La société, en choisissant arbitrairement qui et ce qu’elle trouve beau, se nourrit de nos doutes et de notre insatisfaction chronique. Pire, elle l’entretient, via des messages de toutes sortes qui nous persuadent que nous ne sommes pas assez parfaits pour être vraiment heureux.

Ce n’est malheureusement pas aussi simple, quand cette positivité, cette sommation à s’aimer sans conditions, l’est de façon aussi inorganique. Oui voilà, je l’ai dit. Et je l’assume. La plupart du temps, ces injonctions à nous aimer telles que nous sommes, sonnent tout simplement faux, parce qu’elles sont devenues le porte-étendard de  médias en perte de souffle et d’influence. Après nous avoir fait nous sentir moins que rien pendant tout ce temps, subitement ils ont commencé à reprendre le slogan de celles et ceux qui en avait justement marre de voir le même style unique de silhouette mis en avant.

Dans les faits quand on dézoome, c’est absolument vrai, oui, notre valeur ne dépend pas de notre taille de jean ou l’aspect de notre peau. Sauf que ce body positivism, au lieu de s’en tenir là, à jugé bon d’être poussé à l’extrême. Sauf que les extrêmes, d’un côté comme de l’autre ne sont jamais bon. Certains l’appelleront modération, personnellement je préfère parler d’équilibre.

Parce que quand on va dans un extrême, à la fin on se bien plus proche de son voisin dont on pensait être le total opposé. C’est la fameuse théorie du fer à cheval. Je m’explique.

 

LE PROBLEME DU « BODY POSITIVISM »

Le cas Lizzo

J’ai commencé à CLAIREMENT comprendre que le body positivism s’était vraiment du flanc le jour où Lizzo était célébrée pour son poids. On mettra de côté le fait qu’elle se balade et twerke en string pour le bien de la longueur de cet article. Avant sa perte de poids spectaculaire (et qui lui a valu un sérieux backlash de la part des « bien-pensants » allergiques au mot que je me prépare à prononcer), Lizzo n’était pas « ronde » ou « curvy » comme on aime à dire, elle était grosse. Voire très certainement obèse. Et non pas besoin d’être médecin, pour le constater. Elle n’avait pas « un petit bidou », ni « les hanches larges », elle était grosse. Pour autant, elle avait toujours de la valeur (et un talent de dingue, clairement pas à la portée de tous).

Elle s’est acceptée (disons qu’en plus c’était sa marque de fabrique et que cela lui a permis de pas mal engranger niveau $$$), jusqu’à un point de non retour. Je ne la connais pas personnellement, ni ne me rappelle avoir lu un article expliquant les motivations de sa perte de poids, mais une chose est sûre, c’est que s’accepter quand on est obèse est une chose, mais il faut aussi accepter les limitations physiques qui peuvent venir avec. Moins de souffle, moins d’aisance dans les mouvements, sans compter les maladies cardio-vasculaires qui peuvent venir avec. Et là, pour ceux qui aiment tant l’avis des médecins, eux-mêmes vous le confirmeront.

Au royaume des aveugles, le borgne est roi

Le problème du body positivisme c’est qu’il nous a enjoint à ne plus faire preuve de bon sens. Oui avoir un bouton n’est pas la fin du monde en soit, mais si ça devient hors de contrôle, c’est aussi peut-être parce que notre corps essaye de nous dire quelques chose (déséquilibre hormonal, problème intestinal, intolérance alimentaire).

Oui avoir de la cellulite est courant. Mais si elle est douloureuse cela peut aussi être un problème de lymphe, le signe qu’on n’est pas assez drainée… Le bon sens voilà de quoi nous a privé le body positivisme qui s’est posé en remplaçant du diktat de la taille mannequin qui voulait lui toute nous faire entrer dans le même moule, sous peine de ne pas être qualifiée de jolie et donc selon son patronat d’être sans valeur.

Photos: Sîtâ Montoya

 

PEUT-ON VRAIMENT S’AIMER SANS CONDITIONS?

Je pourrais faire genre derrière mon écran, mais la réalité c’est que dans ce monde où tout n’est que modes éphémère, tout est régit par l’aspect financier, j’ai envie de dire: difficile. Pas impossible, mais difficile. On aime ses cheveux crépus, mais pas quand il y a trop d’humidité et qu’ils manquent de définition. On pense alors qu’il vaut mieux se concentrer sur des choses qui n’ont rien à voir avec l’apparence.

J’ai ainsi cru pendant un temps que pour m’aimer sans conditions, il fallait que je « sorte de mon corps ».
Que je cultive des passions. Au lieu de chercher coûte que coûte à affiner mes cuisses j’ai passé du temps à affûter mes expériences.

Au lieu de passer mon temps à traquer ma cellulite, je l’ai passé à collectionner des tampons sur mon passeport. Quand on est happée par quelque chose que l’on aime faire, l’émotion qui s’en dégage prime sur le reste.

Quand je plonge en apnée, mon ventre rond, mon grand front, ma cellulite et tout ce qui ne rentre pas dans le moule « beau » de notre société actuelle n’a plus d’importance. Mon corps devient mon salut et mon ami. Et j’ai cru que ça serait suffisant.

Jusqu’à ce que quelqu’un ou quelque chose m’ait fait me sentir « moins que ». Alors j’ai idéalisé être cette personne, avoir fait tout ce qu’elle avait fait, être celle que je n’était pas tout à fait. Tout ce qui n’est pas de l’amour sans conditions. 

Pour moi non, on ne peut pas vraiment s’aimer sans conditions et ce n’est pas grave. On est imparfait et vivons dans un monde imparfait, alors s’aimer tout court c’est déjà bien suffisant. Pas besoin de suivre ce précepte New Age qui veut faire de notre personne cet être divin, capable de manifester et inébranlable qu’importe les situations. 

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