Humeurs

Love | From: Me, To: Me

«La vraie réussite, aujourd’hui c’est de rester soi-même dans un monde qui essaie constamment de faire de nous autre chose que ce que nous sommes»
Ralph Waldo Emerson

Don’t read beauty magazines, they will make you feel ugly

Je suis ce qu’on appelle une 90’s kid.
Je suis née à la fin des années 80, et j’ai grandi au cours de cette décennie où les mannequins étaient des supermodels. Elles dominaient l’ensemble du paysage publicitaire, de la TV aux magazines, en passant par les gigantesques billboards. À cette époque, les standards de beauté semblaient être encore moins diversifiés que maintenant. Claudia, Eva, Stéphanie ou encore Christy, étaient celles qui nous dictaient comment être belles. Et même si les choses n’étaient pas toujours explicitement dites, être belle voulait dire: être mince, avoir des seins, les cheveux raides, les hanches étroites, le teint clair et être grande. Et plus vous sembliez cumuler ces caractéristiques, mieux c’était.

C’est comme ça, que, gavée de magazines pour ados qui vantaient de tels mérites (Jeune & Jolie, 20 ans… les vraies savent), j’en suis arrivée à me trouver trop grosse et pas vraiment très jolie.

Alors, à 14 ans à peine, j’appliquais des crèmes amincissantes dans l’espoir de perdre à tout jamais mes hanches et mes fesses trop rebondies; signe pour moi des filles moins jolies que les autres, condamnées à rester tristes et seules toute leur vie. Maman pourtant, après m’avoir topé, m’avait assuré que ce corps était aussi beau qu’un autre et qu’en plus un jour, je trouverais un garçon qui m’aimerait telle que je suis.
Au fond de moi, je n’étais pas vraiment satisfaite, et je me disais que c’était l’amour maternel qui parlait. Cet amour aveugle qui fait que toute mère trouve toujours beau tout ce que la nature a donné à sa progéniture…

Ado dans les années 90

Puis, l’adolescence est arrivée, et est passée: ce corps je ne l’aimais toujours pas. Je voulais changer beaucoup de choses. Trop de choses. J’étais contente quand je sautais un repas ou que j’en apprenais un peu plus sur un régime qui garantissait «-5kg en deux semaines».

Les années ont continué à défiler, jusqu’à la vingtaine bien installée, et les choses ont petit à petit commencé à changer.
En fait, J’AI changé. Pas tant physiquement, mais plutôt mentalement. Maman avait raison.
Oui, petit à petit, au fil des expériences de la vie, j’ai appris à faire la paix avec ma morphologie, à l’accepter, et enfin à l’aimer.

J’ai réalisé que je n’étais pas qu’un corps. Non, je suis une personnalité, des passions, des rêves et des défis. J’ai du coup commencé à me valoriser au-delà de mon apparence et de ce que me dictait cette chère société. Je m’évaluais de moins en moins à travers son spectre de standards qui parfois ne sont qu’illusion.

Je reprenais la main dans cette bataille, et j’amorçais ma libération contre les attentes des autres, en apprenant à accepter ces défauts qu’ils n’aimaient pas et en prenant soin, en mettant en valeur ce que moi j’aimais et j’aime grandement.

See, in fact I am more than enough

J’aime par exemple la couleur de ma peau, mon ventre rond, ma bouche, mes yeux en amande si expressifs, mes mini seins, mes cuisses qui se touchent, et qui ont sauvé maintes et maintes fois mon portable de chutes fatales, et mon fessier bien en place.

Alors, non ce n’est pas parce que j’aime autant de choses chez moi que je trouve que tout est parfait et que j’aime TOUT! J’ai de l’acné d’adulte et la cellulite et moi on est des amies plutôt proches. Mais même avec elles je suis en paix. Bien sûr ça ne veut pas dire que je saute au plafond à chaque fois que j’ai un bouton, non. ça veut dire que je m’aime suffisamment pour tenter d’en atténuer les effets, tout en connaissant et en acceptant les limites de mon corps. Du coup je ne me rends plus malade quand j’ai deux-trois boutons, ou des spots de cellulite persistants.
J’ai également accepté le fait que j’aurais toujours des fesses, ou encore ce petit bourrelet au niveau du dos et un ventre sans abdos. Je n’en suis pas laide pour autant.

Sport et acceptation de soi

Comme je vous le disais déjà dans un autre article, le sport a joué pour beaucoup dans cette amélioration de la relation entre mon corps et mon esprit. J’ai appris à endurer la douleur et à repousser mes limites. 
Et si je décide à un moment T de m’adonner à telle ou telle activité, ce n’est plus pour avoir «le corps de», mais pour le plaisir et le bien-être qu’elle me procure.
Parce qu’au fond, on peut être sportive, et en mode «Beast mode» à chaque séance de sport, sans pour autant avoir les abdos aussi bien dessinés que ceux de sa pote; on peut être sportive et faire du 42; on peut être sportive et avoir une cellulite bien visible.

Un ventre n’a pas à être plat, musclé ou encore, bien cisaillé pour être « parfait »; tout comme des cuisses n’ont pas à se toucher, avoir des vergetures ou de la cellulite pour être « des vraies cuisses de femme ».
Être fit est différent sur chaque personne, et être belle prend des allures différentes sur chaque personne.

Avoir un booty n’est pas mieux que d’avoir des petites fesses. Être mince n’est pas mieux que d’avoir des formes, et vice versa.
Je n’ai jamais été aussi heureuse et fière de mon corps qu’en faisant du 38, tandis que je ne me trouvais jamais assez bien avec feu mon 34.

Je ne suis pas qu’un corps

Aujourd’hui, près de 15 ans après ma lutte contre moi-même, les filles bootylicious comme moi ont la côte dans les médias mainstream et sur les réseaux sociaux. Plus le fessier est gros et mis en avant, plus le nombre de followers est potentiellement grand. Apprécier quelqu’un pour son physique n’est pas mauvais en soi; ça le devient quand on se dévalue par rapport à cette personne ou qu’on ne l’apprécie que pour ça.

Avoir un booty, pas juste des fesses musclées, semble être l’obsession de beaucoup. Avant, avec Photoshop on mincissait les gens à outrance, maintenant on exagère plus facilement une taille fine et des fesses pulpeuses.

À côté de ça, certaines se tuent à la salle dans l’espoir de voir ce Saint-Graal éclore et prospérer. C’est bien d’avoir des ambitions physiques, là n’est pas le problème (et je ne parle pas des sportifs, dont c’est le métier, mais vraiment des gens comme vous et moi). Le problème c’est d’avoir ces ambitions parce que c’est à la mode. Le problème c’est de se trouver moche si on ne les atteint pas.

Alors, si vous souffrez de complexes, j’aimerais vous dire que ne pas répondre à tel ou tel standard n’est pas une fin en soi. Déjà, parce que demain vous pourriez être le corps que tout le monde rêve et alors vous vous rendriez compte à quel point tout cela ne tient qu’à un fil; et ensuite, parce que vous n’êtes pas qu’un corps.

Mettez-vous devant votre miroir, balayez les critiques que vous avez pu entendre, et que vous êtes décidée à ne plus écouter, et aimez-vous.
Aimez-vous sérieux!

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  • Anthonia
    11 septembre 2017 at 12:59

    Je pense exactement la même chose. C’est horrible cette tendance à la comparaison que ce soit avec les models dans les magasines ou avec ta pote plus fine ou plus bootylicious. Bref je suis contente de mon corps et ça a été très difficile pour moi d’arriver à m’affranchir des diktats de la société, surtout que ma mère (oh chère maman) a toujours eu en tête que oui, effectivement, j’étais trop grosse. A 15ans. Du coup j’ai vraiment grandi avec cette idée en tête que non je n’étais pas parfaite. La loose totale. Encore il y a quelques mois, j’entamais mon millième régime pour perdre ma graisse superflue avant l’été. Ce sont des articles comme le tiens qui m’ont fait ouvrir les yeux sur le fait qu’en fait, ça va, mon corps et cool. Je le kiffe.
    Donc merci beaucoup pour cet article 🙂

    • Les Carnets d'Aurélia
      12 septembre 2017 at 10:03

      aïe aïe ça n’a pas dû être facile si en plus ta mère te le disais, effectivement!
      Mais heureusement maintenant tu as un autre rapport avec ton corps et c’est très bien.
      Ce n’est pas toujours tous les jours facile, avec tous ces diktats qui continuent quand même à vouloir nous atteindre, mais faire la paix avec celui-ci, même de temps en temps au début est vraiment ce qu’il y a de mieux et de plus sain.
      Merci à toi pour ton commentaire! 🙂

  • Le Bloc-Notes de Carmen
    1 septembre 2017 at 19:18

    « J’ai réalisé que je n’étais pas qu’un corps. Non, je suis une personnalité, des passions, des rêves et des défis. » Mais c’est tellement vrai! Quel superbe article! J’ai adoré te lire et y déceler une pointe d’humour et beaucoup de bienveillance. Je me suis reconnue, moi aussi à 14 piges dans la salle de bain piquant les produits amincissants de ma mère. Et ces réflexions qui revenaient sans cesse! Puré quand j’y pense je faisais un 36 et je me trouvais énorme! Non mais quelle connerie je me dis aujourd’hui. On s’oublie vite avec les dictats de la beauté et de la mode. Maintenant comme tu le souligne ce sont les jolies formes qui font fureur, celles que j’essayais de cacher en attachant mon sweat à ma taille (#90’s style oblige!). On ne se refait pas, on se crée des complexes comme si on n’avait pas déjà assez de problèmes. Il faut aimer son corps autant que son âme. L’apprivoiser et ne pas le plier à des tendances.
    Des bisous!

    • Les Carnets d'Aurélia
      6 septembre 2017 at 22:59

      Merci beaucoup Carmen pour ce joli commentaire…
      Mais c’est ça! je faisais du 36 voire du 34 chez certaines marques et pour moi j’étais horrible, pas belle.
      Les pulls roulés autour de la taille c’était mon truc dès les beaux jours, peut-être que c’est à cause de ça qu’en grandissant j’ai été amenée à préférer la saison froide à la dite belle saison.
      Oui il faut s’en écarter et s’en préserver un maximum de ses diktats qui érigent des corps au détriment des autres.

      Pleins de bisous!!