Humeurs

Feminism needs you

Avant propos: « Feminism needs you » est le titre d’un article que j’avais écrit il y a quelques années pour les besoins du magazine anglais Bricks Magazine.
Je m’étais dit que je le retravaillerais de manière plus condensée pour le blog… et puis… je n’ai jamais vraiment pris le temps de le faire! Aujourd’hui, à travers un article repensé, je vous livre ma pensée sur le mouvement féministe actuel, et les retombées que je rêve et ai bon espoir de voir se réaliser un jour.

We should all be feminists

Je suis féministe et j’en suis fière.
Je pense l’avoir été depuis un certain temps en fait, mais je n’en ai pas toujours eu conscience.

La première fois qu’on m’a traité de féministe, je me suis sentie bizarre. Genre, moi?! Vraiment?! Moi, Aurélia, la timide et la discrète: féministe?!
Je ne me sentais en rien proche de l’image (stéréotypée!) que je me faisais d’une féministe: ostensiblement grande-gueule, n’hésitant pas à s’appeler « Chienne de garde » ou se définissant « Ni pute, ni soumise ».
Et pourtant, le couperet était tombé: FEMINISTE.

Avec le temps, j’ai compris.
J’ai compris que j’étais féministe parce que je refusais et refuse encore d’être définie culturellement et socialement par mon genre. Préférant l’être en fonction de mes capacités, de mes compétences et de mes envies, comme cela est fait globalement pour les hommes.

Je suis féministe et j’en suis fière.
Il est incroyable qu’un simple t-shirt « we should all be feminists » de Dior (inspiré d’un essai et d’un discours de la génialissime Chimamanda Ngozi Adichie) ait réussi à redynamiser auprès de beaucoup (millennials et génération Z surtout) le mouvement militant.
Certes, il est facile de trouver la démarche superficielle, simpliste et un brin populaire, mais ma foi il a su donner l’impulsion. Et mine de rien, aujourd’hui, avec le raz-de-marée que cela a pu engendrer, la question des droits des Femmes et de l’égalité Homme-Femme s’invite plus facilement au coeur des débats mainstream/populaires.
Avant que tout le monde ne revendique un avenir féminin (le fameux « the future is female »), le féminisme était particulièrement stigmatisé, ringardisé et remplit de préjugés.
« Une féministe n’est pas heureuse »
« Le féminisme c’est une affaire d’Occidentaux »
« Une féministe n’aime pas les hommes »
et patati patata.

Tant qu’il y aura des femmes discriminées en raison de leur sexe, je serais féministe

Parce qu’au fond, la ligne d’arrivée est loin d’avoir été franchie.

En tant que femmes on continue à être stigmatisées et discriminées en raison de notre sexe. Le nier c’est se voiler la face.

Certains continuent à attendre d’une femme de savoir apporter cette touche de douceur partout où elle passe (genre t’es un lapin angora); certains continuent de nous conseiller en tant que femme de ne pas trop nous mettre en avant au risque de faire peur aux hommes, d’avoir du caractère mais pas trop, de savoir entrer dans une case tout en restant nous-même, ou encore d’être virginale mais pas coincée.

Alors, documenter, élever la voix, relayer, dénoncer, protester, soutenir, refuser, s’opposer sont autant d’actions qui sont à la portée de certaines d’entre nous et qui peuvent amener à faire bouger ces modèles rigides.
Ces modèles où globalement et massivement, la femme est tour à tour vue comme un être inférieur à l’homme et un être intrinsèquement coupable quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse.

Hommes et femmes sont différents; il ne s’agit pas de nier les différences physiques et biologiques, mais la société actuelle prend plaisir à les accentuer. Elle prend plaisir à récompenser ou à blâmer ce qui n’est qu’une simple différence.

Et les hommes, par effet de domino, subissent eux aussi ce poids. Être un homme induit des comportements précis. Un homme, un vrai, se doit d’être en charge (un peu moins par contre pour tout ce qui a trait à sa vie de famille), il doit être aussi dur que la pierre et ne pas montrer ses émotions.
Pourquoi? Parce ce que.


Maya Angelou et Simone Veil

Féminisme et intersectionalité

On comprend également que la ligne d’arrivée est loin d’avoir été franchie, lorsque certains et certaines continuent à s’offusquer devant le mouvement.
Il y a ceux qui pensent que l’égalité homme-femme c’est tout bonnement des conneries, que l’homme est supérieur en tout et basta; il y a ceux qui pratiquent la politique de l’autruche et assurent que tout va bien, que les choses ont changé dorénavant; et ceux qui cherchent à rebaptiser le mouvement. Nous expliquant qu’on ne devrait pas parler de féminisme mais plutôt d’humanisme et de droits humains.
On. Devrait. Parler. De. Droits. Humains.

On devrait donc être vague. On devrait donc être générique.
Déjà, parler de féminisme c’est parler de droits humains, la femme étant un être humain by the way. Parler de féminisme, c’est juste être plus spécifique. La discrimination subie venant du fait que l’individu en question est une femme, il est tout à fait logique d’appeler le mouvement qui vise à l’abolir « féminisme » et non « humanisme ». Tenter d’édulcorer le terme « féminisme » c’est édulcorer la difficile réalité à laquelle beaucoup de femmes font face, juste parce qu’elles sont des humains « femmes ». D’autres formes de discrimination existent (celles liées à l’orientation sexuelle, à la religion, à la peau…), et parfois, elles peuvent être couplées.

C’est en ce sens que beaucoup de femmes Noires parlent de « Black Feminism »; et ce n’est pas vouloir chercher la petite bête.

Car oui, il existe des discriminations faites aux femmes Noires que jamais une femme Blanche ne connaitra. Si vous voulez des preuves, tapez « Revolve Clothing » et « scandale » dans Google et vous verrez une infime partie de l’iceberg. Ou encore, parlez tout simplement à une femme Noire.

Minimiser tout cela au final n’aidera pas à résoudre le problème dans sa globalité.

Et dans le fond on ne demande pas à tous ces gens leur avis sur la pertinence de tel ou tel féminisme, on ne leur demande pas de tout rapporter à eux et à leurs expériences, mais d’écouter bordel, d’observer et de prendre conscience. On leur demande de faire preuve de compassion et d’humanisme.

Le féminisme dans 50 ans

C’est pourquoi le féminisme a encore besoin de nous.
Et que nous avons besoin du féminisme, parce qu’on aimerait tous et toutes se réveiller dans 50 ans dans un monde où:

– Les hommes n’auront plus à asseoir leur personne en étant dur comme de la pierre et les femmes douces et adorables
– Les femmes et les hommes n’auront pas à s’excuser de leurs émotions
– Les femmes ne seront plus questionnées de manière accusatrice sur la tenue qu’elles portaient en cas d’harcèlement sexuel
– Les femmes ne seront plus taxées de modernes parce qu’elles ont la « girl boss » attitude ou d’arriérées parce qu’elles préfèrent rester femme au foyer
– Les femmes n’auront plus à reprendre délibérément des codes dits masculins pour être acceptées dans la sphère entrepreunariale
– Être dingue de chaussures ou de cosmétiques ne sera plus spécifiquement « un truc de gonzesses ou de métrosexuels », mais un truc de gens qui aiment ça
– Les hommes ne seront pas vus comme des perles parce qu’ils s’occupent des tâches ménagères ou changent la couche du bébé
– Les femmes auront autant de chances qu’un homme d’être présidentes
– Les femmes ne se verront plus questionnées toutes les cinq minutes à partir de 30 ans sur leurs projets d’enfants et de mariage; et si se mêler de ses propres affaires est trop compliqué, les hommes le seront tout autant
– Le fait d’avoir ses règles ne sera plus l’argument avancé quand une femme remettra quelqu’un à sa place
– Les salaires seront les mêmes à poste et qualifications similaires
– Le nipple sera free.

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