Mode et Ethique

Budget mode: combien mettre dans un vêtement?

J’avoue que cette question a tout lieu d’interpeller.

La réponse classique voudrait qu’on mette le prix que l’on souhaite dans les vêtements que l’on souhaite. Et ce n’est pas faux!
Chacune à son propre budget, dispose de ressources financières qui lui sont propres et de ce fait en fait ce qu’elle veut.
Aussi, si quelqu’un souhaite s’acheter les fameux collants Saint Laurent à 800 euros pièce et bien grand bien lui fasse!

Ethique sur etiquette?

Certaines personnes, « les maniaques de l’étiquette », attacheront beaucoup d’importance à la provenance du vêtement.
Ils auront tendance à boycotter le Made in China par exemple au profit d’un Made in Italy ou bien un Made in France, jugeant qu’un Made in China ou bien India est synonyme de mauvaise qualité.
Personnellement je trouve le raccourci un peu trop facile et pas toujours justifié. J’ai bon nombre de vêtement qui sont Made in China ou bien Bangladesh et qui ont eu une durée de vie plus longue que leurs homologues fabriqués en Italie par exemple.

Ce point est surtout une histoire d’éthique je pense.
En effet, dans un récent reportage de l’émission Capital sur M6 on pouvait apprendre que certains vêtements fabriqués en Chine par exemple, étaient en fait confectionnés en … Corée du Nord. Pays ultra-fermé ou la dictature règne en maître, mais où les coûts de production sont extrêmement bas (tu m’étonnes, quand tes employés sont réduits en esclavage et payés au lance pierre il est plus facile d’afficher des coûts ultra-compétitifs).

De récents événements, comme la chute en avril 2013 d’un immeuble abritant plusieurs ateliers de confection de vêtements de divers marques de prêt-à-porter (Benetton, C&A ou encore Tex, la marque de vêtements des hypermarchés Carrefour) à Dacca (Bangladesh) ont mis en lumière certaines pratiques douteuses: travail d’enfants, salaires dérisoires, horaires à rallonge, mauvaises conditions de travail, insalubrité…

Néanmoins tout n’est pas gris et les délocalisations de production quand elles n’ont pas lieu de manière sauvage et au mépris de la condition humaine peuvent avoir du bon. Certains pays ont des spécificités et travaillent mieux qu’ailleurs certains types de vêtements ou matière.

Vous l’aurez compris, je ne fais donc pas une fixette systématique sur la provenance de mes vêtements.
Ma fixette, j’ai tendance à la faire sur la composition dudit produit.

En clair, il faut savoir qu’il y a des matières « nobles » dans les textiles, pour lesquelles j’accepte volontiers de payer un certain prix et d’autres qui le sont beaucoup moins, que je préfère éviter de manière générale, sauf si j’ai un énorme crush; alors là, pour un vêtement neuf (et non issu de la fast-fashion), la dimension prix entrera en prise de compte, clairement.

Les matières « nobles »

Les matières nobles proviennent très souvent de fibres naturelles, qu’elles soient animales ou bien végétales.

La soie (fibre naturelle animale)
Matière noble par excellence, elle est produite par le ver à soie.
Sa confection date de bien avant 2500 av JC et est originaire de ….. Chine!
La soie est extrêmement agréable à porter; elle est douce et quasiment infroissable.
C’est un très bon isolant qui réchauffe quand il fait froid et rafraichit quand il fait chaud.

Au niveau de l’entretien, on lave ses vêtements en soie à l’eau froide ou bien tiède, 30°C maxi.
Pour certaines soies le nettoyage à sec est la meilleure solution.
On oublie le sèche linge.

Le cachemire (fibre naturelle animale)
Le cachemire provient de la toison de la chèvre du cachemire (Inde).
Les vêtements confectionnés en cachemire seront soyeux et ultra-doux. C’est un produit très onéreux et très délicat à laver. On préfèrera de manière générale le nettoyage à la main ou bien le pressing.

La laine (fibre naturelle animale)
Elle peut provenir des poils de différents animaux: mouton, lapin, chèvre angora d’Asie Mineure (mohair: laine fine et brillante), lama sauvage du Pérou (vigogne)…
La vraie laine (de bonne qualité) ne doit pas gratter. Les labels « woolmark » ou « pure laine vierge » sont garants d’une laine d’excellente qualité.
C’est un excellent isolant thermique qui absorbe l’humidité.

Au niveau de l’entretien, on préfèrera le lavage à la main, plutôt qu’en machine. En effet, si la laine est facilement étirable, elle ne reprend pas sa forme originelle. Vos pulls en laine sont à sécher à plat.
Si vous tenez néanmoins à les laver en machine, on mise sur le programme spécial laine à 30°C. Là encore on oublie le sèche-linge.
Pour le repassage on mise sur la température la plus basse et l’utilisation d’une pattemouille.

Le coton (fibre naturelle végétale)
La qualité repose essentiellement dans le tissage du coton qui peut se faire en simple, double ou triple retors. Ainsi un tissage à triple retors sera plus souple et plus solide qu’un tissage à simple retors. C’est ce qui explique des disparités de prix dans des T-shirt en coton par exemple.
C’est au toucher et avec l’expérience qu’on se rend compte de la qualité d’un coton.

C’est un tissu doux, souple et facile d’entretien. Le seul petit bémol est qu’il se froisse facilement.
La température de lavage idéal est 30°C. Si c’est trop élevé, il risque de rétrécir.

Le lin (fibre naturelle végétale)
C’est un tissu très ancien qui était employé à l’époque des Pharaons pour envelopper les momies.
Le lin est une matière raffinée, subtile, fraiche et confortable, elle est facile d’entretien et conserve bien les couleurs. De plus elle ne se déforme pas et ne peluche pas.
Il se froisse par contre très facilement!

Le lin peut bouillir. On peut laver le lin blanc à 60° et 40° pour le lin de couleur.
Cette fibre supporte un repassage à haute température avec beaucoup de vapeur.

 

 

Les matières « un peu moins nobles »

Ce sont des matières que je préfère éviter de manière générale, sauf si j’ai eu un énorme coup de cœur pour le vêtement. Quand il est vintage je suis un peu moins regardante.
Ce sont des fibres chimiques synthétiques ou bien artificielles.
Personnellement, je ris quand je vois des marques comme Maje ou Sandro vendre des vêtements à 40% acrylique à plus de 400 euros!!! Ou encore qu’un chemisier en viscose est vendu plus cher que de la soie!

Les fibres chimiques artificielles :

Les fibres artificielles sont élaborées à partir de la cellulose du bois, du coton et du lin.
Elles ont l’aspect de la soie, du coton ou de la laine.

La viscose
La viscose peut avoir l’aspect de la soie, du coton ou de la laine. Elle peut être mate ou brillante suivant les traitements.
L’acétate.

Les fibres chimiques synthétiques :

Elles proviennent de matières minérales ou végétales telles que le charbon ou le pétrole.

Le polyester
Il a une bonne élasticité et ne se froisse pas. C’est une fibre pour laquelle je suis en générale assez clémente (si le prix l’est aussi). De toute façon on en retrouve dans la plupart des vêtements. Elle peut être pure ou bien mélangée à d’autres fibres.
Il sèche rapidement et se repasse plutôt facilement.
En revanche il a une fâcheuse tendance à faire des peluche.
Également, quand il fait chaud, il vaut mieux oublier le polyester qui a tendance à faire beaucoup transpirer.
Le polyamide, l’acrylique.
L’acrylique ne soit pas être séchée au sèche-linge.
L’élasthanne.

Personnellement, pour les vêtements comme pour les chaussures, je préfère raisonner en terme d’investissement et non d’achat.

 

Et on n’oublie pas de regarder également du côté des finitions; ces détails qui jugent de la qualité du vêtement. Coutures faites main, ourlet bien cousu…

Cher n’est plus synonyme de nos jours de qualité indiscutable.
Aujourd’hui, le luxe aime jouer sur cette ambiguïté, lui qui a perdu au fil des années de son éclat, à mesure qu’il s’est démocratisé. Je vous invite fortement à lire l’ouvrage « Luxe & Co » de Dana Thomas à ce sujet. Une enquête formidable dans les coulisses de l’industrie qui « vend du rêve ».

Alors pour vos basiques comme pour vos moins basiques prenez le temps de déchiffrer ce qui ce cache derrière l’étiquette et le côté tendance, vite acheté-vite consommé d’un produit.

 

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  • Stunning
    14 mars 2015 at 05:44

    Merci pour cet article. Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à lire les étiquettes avant d’acheter ou même d’essayer un vêtement. Ça me désole de voir toutes ces « matières plastiques » gangréner les étagères de magasins,ainsi que la composition de plus en plus de vêtements. Je peine à trouver un vêtement qui soit à la fois originale (ou bien coupé) ET de bonne qualité.

  • alice
    5 février 2015 at 00:51

    Excellent article! Au plaisir de te lire à nouveau. Alice

  • Pommereau
    25 octobre 2014 at 18:45

    Salut, Merci pour cet article ! Pas facile de s’y retrouver avec toutes les marques, que penses tu de Zara et Sensun ? Concernant la viscose, ma mère m’a toujours dit que c’était très bien… trouves-tu qu’elle tiens bien au lavage ?

    • Les carnets d'Aurelia
      3 décembre 2014 at 00:27

      Mais de rien!
      Il y a de bonnes choses comme de moins bonnes chez ces deux marques.
      Parfois Zara peut avoir des pull sympa, pas chers fait en grande partie de cachemire ou de laine, et d’autres n’avoir que des matières artificielles.
      Là encore il faut faire attention au tombé du vêtement et à sa composition.

      La viscose, je dirais que ça dépend. Certains vêtements froissent hyper vite et du coup tombent moins bien avec le temps. Là encore tout dépend de la somme que chacun est prêt à investir pour s’offrir un article fait dans une matière artificielle, imitant la soie.
      Parfois l’original coute un peu plus cher mais est moins contraignant en termes d’entretien.

  • Cory Scott
    27 septembre 2013 at 06:49

    Génial cet article! 🙂

    Xoxo! Cory

    • Les Carnets d'Aurelia
      29 septembre 2013 at 14:53

      Merci!
      Lire les etiquettes ça permet d’éviter les achats trop compulsifs!