Conservation des océans Make-up

Du requin dans mon rouge à lèvres?

Les rouges à lèvres ont toujours compté parmi mes produits de maquillage préférés. Une dizaine, une vingtaine, j’en ai toujours eu beaucoup, essentiellement des mats.
Seulement voilà, le 31 janvier dernier, il y a eu ce déclic; celui qui m’a conduit à ne plus regarder ma précieuse collection de la même manière.

«Sharkwater» de Rob Stewart, la prise de conscience

Ce 31 janvier 2017, un héros moderne nous quittait.
Rob Stewart, biologiste, photographe et réalisateur marin, passionné de requins, a disparu en mer suite à une plongée. J’en ai été dévastée. Il était en train de tourner des séquences de son nouveau documentaire, «Sharkwater 2: the extinction», qui devait paraitre en fin d’année. La suite en fait du premier volet, sorti en 2006 (rebaptisé «Les seigneurs de la mer» en France), et qui avait été récompensé et acclamé par toute la scène internationale.
Stewart avait permis à beaucoup d’entre nous de nous rendre compte que le requin n’était pas juste un tueur bête et sanguinaire, comme on aime si souvent le dépeindre. La séquence où il caresse pendant de longues secondes un squale est d’ailleurs de toute beauté.

Plus important encore, ce documentaire a permis de resituer l’importance de ces super-prédateurs dans la hiérarchie des fonds-marins. Ils façonnent nos océans et se chargent de les garder sains et sous-contrôle en gérant les populations de poissons et de mammifères marins, qui en trop grand nombre endommageraient, entre autres, le récif corallien. Le récif, qui est lui-même un élément important pour la pérennité de quantité d’espèces, puisqu’il sert de nurserie aux uns, de garde-manger aux autres, etc…
Et nous, sur terre, nous dépendons aussi de la santé des mers, pour assurer notre bien-être et notre survie. Nous avons besoin de requins dans nos océans.

Difficile à croire pourtant quand on sait que près de 100 millions d’entre eux sont tués chaque année, principalement pour leurs ailerons. Des organes dont on les prive encore vivants avant de les rejeter en mer. Des ailerons qui seront utilisés dans la préparation d’une soupe traditionnelle chinoise, communément servie lors d’importants banquets, et dont la consommation s’est beaucoup démocratisée ces dernières années.
Au final, force est de constater que le monde s’indigne plus facilement du massacre d’autres animaux tandis que celui des requins passe plus facilement sous silence, l’opinion publique préférant se consacrer sur leurs attaques.

Mais du coup, quel est le rapport de tout ça avec les rouges à lèvres ?

 

Les Requins et l’industrie cosmétique

Il est tout simplement énorme! Et c’est ce que Rob Stewart souhaitait nous montrer à travers ce « Sharwater 2 ».
Parce qu’en vrai, on aurait tort de faire des raccourcis rapides, et de désigner les mangeurs de soupe d’ailerons comme les principaux instigateurs de ce massacre, car grands consommateurs de requins. Non, l’industrie cosmétique utilise elle aussi du requin à foison dans la confection de ses produits, principalement son huile de foie. Le tout bien sûr dans l’ignorance des acheteurs. C’est à dire nous: vous, moi, lui, elle.

On est tout autant coupables. Certes de manière passive, mais coupables quand même. Parce qu’on nous a appris depuis quasiment toujours à consommer sans nous poser véritablement de questions, parce que c’est plus confortable comme ça, surtout quand le produit en question revient moins cher.

Et c’est là que le bât blesse: c’est moins cher sur le moment, mais pas forcément sur la durée, et peut-être encore moins sur la santé. Le requin qui est un super-prédateur, se nourrit d’autres poissons et de mammifères marins. Avec le problème sanitaire qu’est devenue la contamination au mercure des océans, il ne fait pas l’ombre d’un doute que les squales en ingèrent quantité au cours de leur existence. Et le mercure, il ne peut pas s’éliminer, non, il s’accumule dans les tissus.

Nous qui consommons dorénavant avidement du requin, sommes devenus les derniers maillons de la chaine, et donc les plus exposés au risque.

 

Les marques de make-up «shark-free»

En cosmétique, l’huile de foie de requin, se repère très facilement dans la liste des ingrédients sous le nom «squalene». Pour autant, il existe aussi du squalene végétal, extrait de l’huile d’olive, par exemple. Celui-là est généralement plus cher à produire. Je pourrais vous dire que si un produit contient du squalene et qu’il est cher ça veut dire qu’il ne contient pas de requin, je pourrais, mais ça ne serait pas vrai. La seule manière de savoir serait de demander à la marque. Certains groupes (L’Oréal et Unilever) ont annoncé vouloir mettre fin à l’utilisation de l’huile de foie de requin, sans vraiment préciser à partir de quand, sur quels produits…
Alors plutôt que d’avoir l’impression de me lancer dans une partie de Cluedo à chaque fois que je veux acheter un produit de beauté, j’ai décidé qu’il était grand temps de commencer à me tourner vers des marques qui refusaient les tests sur les animaux ainsi que d’incorporer des produits d’origine animale potentiellement dangereux pour la santé et/ou provenant d’espèces menacées.
Oui, qu’il était temps de me tourner vers des marques qui communiquent clairement auprès de leurs clients.

Et contrairement à l’appréhension que j’avais au départ, il y a en pas mal, et elles sont plus cool et in qu’il y a quelques années. Exit les couleurs qui ne vont qu’à un certain type de carnation ou les produits dont la tenue est aussi fugace que des promesses électorales! Il y a de quoi faire, et c’est motivant et rassurant de voir que certains ont compris qu’on pouvait faire du business et respecter sa planète et ses clients.
Pour les repérer, il existe des certifications comme Leaping bunny ou encore le label Cruelty-free.

Je vous mets un petit listing (non exhaustif) des marques de make-up dont les rouges à lèvres sont 100% shark-free. Et pour vous tenir régulièrement à jour, regardez du côté du site de la Peta.

  1. Anastasia Beverly Hills
  2. Au Naturale
  3. Bare Minerals
  4. Beauty Blender
  5. Bite
  6. By Terry
  7. Cargo
  8. Chantecaille
  9. Charlotte Tilbury
  10. Concrete Minerals
  11. Cover FX
  12. Dose of colors
  13. ELF
  14. Hourglass
  15. Ilia
  16. Illamasqua
  17. Kat Von D
  18. Lush
  19. Marc Jacobs Beauty
  20. Milk Make-up
  21. Natasha Denona
  22. Nars
  23. Nyx
  24. Obsessive Compulsive Cosmetics
  25. Red apple lipstick
  26. RMS beauty
  27. Sugarpill
  28. Tarte
  29. The Balm
  30. Too Faced
  31. Urban Decay
  32. Wet ‘n Wild
  33. W3ll People
  34. Zuzu Luxe
  35. The Body Shop

Aussi, pour apporter une petite précision quand j’aborde ce genre de thème, mon intention n’est aucunement de me mettre dans une posture de Miss Parfaite/donneuse de leçons. Personnellement, je reviens de loin, j’ai fait des erreurs et je continue à en faire.
Je suis encore et toujours carnivore, si on peut vraiment considérer ça comme une « erreur », je voyage énormément et avouons-le aussi, je suis une fashion addict qui achète parfois beaucoup trop.

Mais j’ai à cœur à m’améliorer, à mon rythme, en suivant mes prises de conscience, qui se font crescendo. J’ai aussi à cœur de partager cette aventure, et de pourquoi pas inspirer et mobiliser, petit à petit. Je pense depuis quelque temps consommer et appréhender ma façon de le faire de manière un peu plus intelligente qu’avant. Je privilégie du mieux que je peux le local et les produits de la ferme qui ne proviennent pas d’élevages en batterie.
En ce qui concerne ma transition au niveau maquillage, elle s’est faite plutôt radicalement. Il n’y a que pour deux marques que j’ai quand même, avouons-le, eu beaucoup de mal à jeter.
Mais bon, à une époque où tout part de travers j’ai de plus en plus envie d’avoir des convictions et de les appliquer, parce que je n’ai plus envie de consommer sans qu’on ne m’apporte des assurances claires.

Alors là-dessus merci Rob Stewart, et bon vent l’ami…

Crédit photo principale: Mariposa

Sélection shopping

1. Anastasia Beverly Hills

C’est une marque de maquillage certes spécialisée dans les produits pour les sourcils, mais leurs produits sont tellement incroyables que je ne pouvais pas ne pas les mentionner dans ce listing de marques cruelty-free.

2. BareMinerals*

La marque BareMinerals s’est faite connaitre grâce à ses fonds de teint minéraux, ce qui était une petite révolution à l’époque. Elle possède désormais toute une gamme de différents produits (mascara, gloss, rouge à lèvres) tous à base de minéraux.
BareMinerals fait partie du groupe Shiseido.
Shiseido teste sur les animaux, BareMinerals ne teste pas sur les animaux.

3. By Terry

La marque By Terry propose aussi bien des produits de maquillage cruelty-free, que des produits pour le soin du visage et le corps. Le tout dans un packaging luxueux.

4. Kat Von D

Artiste tatoueuse, Kat Von D nous propose une ligne de maquillage innovante, cool, riche en pigments et d’une absolue couvrance, le tout non testé sur les animaux. Mon coup de cœur 2017!

5. Marc Jacobs Beauty

Marque de luxe par excellence, Marc Jacobs Beauty se démarque par ses fonds de teint à la couvrance parfaite. Le fond de teint Re(marc)able à haute couvrance, en es l’exemple parfait.
Si les produits de maquillage Mac Jacobs Beauty ne sont pas testés sur les animaux, il n’en est pas de même de la ligne de parfaum, Marc Jacobs Fragrance, qui est une marque différente.

6. Nars*

Extravagante, classique, glamour, la femme Nars est multiple. La marque, très connue pour ses blush, propose toute une gamme de produits aux pigments superbes.
Elle fait partie du groupe Shiseido, mais refuse les tests sur les animaux.

7. Too Faced*

Si vous cherchez une marque cruelty-free aux teintes nude, pour vous créer un look discret et frais, alors Too Faced est faite pour vous. Perso, j’adore leur mascara Better Than Sex qui transforme mes cils d’inexistant à existant en un tour de main!

8. Urban Decay*

Marque audacieuse et agitée, Urban Decay est désormais connue principalement pour ses fameuses palettes. Des must-have! Je vous renvoie d’ailleurs vers cet article si vous ne savez pas comment choisir la vôtre!
Leur gamme de rouge à lèvres vaut également le coup d’œil.
Urban Decay ne teste pas sur les animaux, mais fait partie du groupe L’Oréal qui continue les tests.

 

 

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